Thérapie orientée solutions
A l’époque où nous vivons, nous sommes habitués à examiner nos situations sous l’angle des problèmes. Il suffit de regarder les informations dans les médias pour voir à quel point ce qui se passe mal est au centre des débats. Nos problèmes prennent la place principale dans nos préoccupations. Nous cherchons à les résoudre et c’est bien légitime. Cependant, nous en oublions que les problèmes ne sont qu’une partie de ce que nous vivons.
La thérapie orientée solutions ne s’attache pas à se centrer sur les problèmes et sur ce qui ne va pas mais plutôt sur ce qui va et ce qui se passe bien. D’autres approches aident à dépasser les problèmes ou à chercher des solutions et cela a tout son intérêt.
Cependant, l’approche que nous vous partageons aujourd’hui vise à prendre en considération ce qui va, les solutions qui existent déjà et qu’on ne voit pas, c’est-à-dire cette part de nos vies dont nous avons peu l’habitude de parler, voire que nous méconnaissons.
S’intéresser à ce qui se passe bien, regarder les exceptions, les ressources des uns et des autres ou encore les compétences dans différents domaines, les parties saines de nos vies et apprendre à partir de ce que nous avons de plus précieux au fond de nous, c’est recréer une spirale positive dans laquelle chacun peut être reconnu dans ses forces et ses efforts, où le positif reprend petit à petit le pas sur le négatif. Plutôt que de regarder vers le passé, la thérapie orientée solutions s’attache à considérer le futur ; même si le passé reste la source d’informations sur ce qui peut aller bien.
La thérapie orientée solutions est une branche de la thérapie brève d’approche systémique, c’est-à-dire l’approche qui cherche à comprendre les dynamiques au sein des familles, et plus largement entre les personnes. La systémique offre un autre éclairage aux difficultés vécues en allant au-delà de l’aspect individuel et en se focalisant notamment sur les relations.
La thérapie orientée solutions a notamment repris de ces théories d’origine la formulation d’objectifs, les tâches à faire entre les séances mais surtout l’importance du relationnel et de la co-construction entre le professionnel et la personne ou la famille.
Les solutions ne sont pas celles du professionnel mais émergent des discussions entre les personnes et le professionnel.
Nous pouvons nous référer à deux auteurs pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur cette approche orientée solutions : Steve de Schazer et Insoo Kim Berg.
Nous n’aurons pas la prétention de présenter en si peu de lignes la richesse de cette thérapie mais nous espérons vous apporter l’envie d’en savoir plus en vous partageant les apports qu’un accompagnement pédagogique ou psychologique orienté solutions peut avoir.
Qu’en est-il sur le plan pédagogique ?
L’exemple d’un adolescent en échec scolaire.
Lorsqu’un adolescent en échec scolaire arrive dans nos cabinets, il faut bien reconnaître que la demande émane la plupart du temps de ses parents alors que lui-même apparaît souvent peu motivé à modifier ses attitudes et comportements. L’apport de la thérapie orientée vers les solutions dans un accompagnement méthodologique va dès lors consister à axer la prise en charge sur l’émergence des forces chez le jeune afin de lui rendre progressivement du pouvoir et de l’accompagner dans la construction de SES solutions.
Comment en tant qu’adultes – parents, enseignants, thérapeutes – pouvons-nous susciter ce changement? Quelques pistes dans une optique de thérapie orientée vers les solutions :
- En quittant notre position d’expert qui sait tout, nous allons rejoindre le jeune là où il est et considérer la situation avec SES yeux plutôt qu’avec les nôtres :
« Quelles sont tes difficultés ? » -> « Quel est ton souhait en venant ici ? »
L’écouter dans ce qu’il a à nous dire en pointant le moindre détail positif : il ne s’agira donc plus de faire uniquement l’inventaire des difficultés mais bien le relevé des actions, attitudes ou comportements positifs dans leurs moindres détails.
Le reconnaître dans ses ressentis émotionnels : il a le droit de se sentir comme il se sent.
Utiliser son langage, ses expressions, son univers.
- Considérer les situations en termes d’ objectifs et non de problèmes ou difficultés. Les objectifs seront concrets et réalistes. Ils s’inscriront dans la vision qui est celle du jeune et non la nôtre et surtout ils seront minuscules (un pas à la fois).
« Réussir l’année scolaire » -> « Réussir la prochaine interro de français »
« Toujours demander quand je ne comprends pas » -> « Poser UNE question au prochain cours »
Pour aider à atteindre ces objectifs, nous utiliserons des « échelles » et nous proposerons des « tâches » à réaliser pour la prochaine entrevue. Cela permettra une visualisation concrète des progrès obtenus en même temps qu’une occasion de mettre en évidence les capacités du jeune à résoudre par lui-même ses difficultés.
- Faire émerger les forces, les exceptions, les intérêts du jeune pour en faire un tremplin
Soit dans le domaine scolaire : « Explique-moi comment ça s’est passé la fois où tu as eu 6/10 » ; « Qu’as-tu fait de différent cette fois-là pour préparer ton interro ? »
Soit dans un autre domaine ; « Explique-moi comment ça se passe quand tu joues au basket ».
On l’accompagnera par de multiples questions qui vont l’aider à décortiquer ces moments-là et lui permettre de prendre conscience de ses capacités. Cela va également faire émerger des idées de solutions à mettre en place par rapport à l’objectif qu’il s’est donné.
- Le langage utilisé sera positif et incitera le jeune à se positionner dans une logique du « JE ».
« Tu n’étudies pas assez » -> « Comment peux-tu faire pour étudier davantage ? »
« Tu n’as pas d’organisation » -> « Quelles stratégies peux-tu mettre en place pour mieux t’y retrouver ? »
« Qu’est-ce que tu n’as pas fait pour avoir 4/10 ? » -> « Comment as-tu fait pour avoir quand même 4/10 ? »
- Accompagner le jeune dans la découverte des avantages qu’il y a à fonctionner autrement.
« Imagine que tu mettes en place les solutions que tu proposes : que va-t-il se passer pour toi de différent ? »
« Comment le prof va-t-il se rendre compte de ce qui est différent ? »
« Imagine que le cours demain soit ennuyeux, comment vas-tu réagir maintenant ? » « Que se passera-t-il alors ? »
C’est en cheminant ainsi avec le jeune dans un questionnement positif et précis que nous formerons équipe avec lui pour l’amener à modifier la perception qu’il a de lui-même et à se construire une nouvelle réalité.
Et au niveau de l’accompagnement psychologique ?
Quand des parents arrivent avec un enfant décrit comme particulièrement difficile et que tout a déjà été essayé…
Il nous arrive souvent de recevoir des parents qui ne savent plus quoi faire avec un de leurs enfants. Bien souvent, il y a d’autres enfants avec qui cela se passe bien et ils ne savent pas pourquoi avec lui, cela ne « marche » pas. Il y a déjà eu plusieurs tentatives pour améliorer la situation mais rien n’y fait.
Un premier élément qui nous semble important à examiner, c’est ce qui a déjà pu bouger entre le moment de l’appel et le moment du rendez-vous. Bien souvent, il apparait que la situation semble s’être apaisée au moins en partie.
Ensuite, nous écoutons les problèmes, pas nécessairement en présence de l’enfant qui a probablement l’habitude qu’on parle de lui en termes négatifs. Entendre ce qui ne va pas est important pour que nous puissions voir la situation dans les yeux des parents et aussi de l’enfant : comment vivent-ils la situation ? comment comprennent-ils que cela se passe de cette façon ?
Par la suite, nous essayons d’aller vers ce qui serait une situation qui va bien. Dire que les problèmes s’arrêtent ne peut pas nous aider puisque cela ne nous dit pas vers où aller. Nous allons donc demander par exemple :
Qu’est qui serait une situation qui va bien ? A quoi le verront-ils ? Nous pouvons aussi discuter des fois où cela ne se passe pas aussi mal.
Nous finissons alors l’entretien sur un élément primordial pour l’enfant : quels sont les ressources et les points forts que les parents peuvent reconnaitre à leur enfant ? Si l’enfant n’était pas présent au premier rendez-vous, ce sera à partir de ces ressources que nous reprendrons l’entretien avec l’enfant et ses parents. L’enfant a alors sa part à dire dans ce qu’il vit, nous pouvons gager qu’il n’apprécie pas non plus d’être dans ces difficultés et qu’il souhaiterait en sortir.
Il est important aussi de rassurer l’enfant sur le sens de sa venue chez nous : venir chez un psy ne veut pas dire qu’on a des problèmes mais qu’on a envie que cela change ! Nous travaillerons le temps nécessaire en partant des compétences de l’enfant et des parents, de ce que l’enfant fait bien même si c’est au sport et pas à l’école, en aidant les parents à revenir dans une dynamique de récompenses plutôt que de punitions, en avançant pas à pas car un changement ne se fait pas du jour au lendemain et qu’il ne sera visible que lorsque la différence sera perceptible.