Laurence Franssens – psychologue au service de réadaptation du CHU de Liège

 

 Famille et aphasie

 
L’aphasie est une maladie sociale parce que c’est grâce au langage que l’être humain prend sa place en société.

L’aphasie touchant la famille, il est nécessaire de se poser la question de ce qu’est une famille.

Ce qui fait la famille, c’est l’idée de la famille.

L’évolution de la famille fait apparaitre chez chacun des membres une représentation du fonctionnement de la famille et de la relation. 

L’aphasie vient perturber ce modèle et met en crise le système.

 

Tout événement va avoir une influence sur l’ensemble du système familial qui va tenter de le résoudre grâce aux ressources disponibles.  Chacun réagit de façon spécifique.  L’aphasie créera une dynamique nouvelle.

 

Il existe de nombreux types de familles (la famille dépassée, avide de comprendre, surprotectrice, qui vit dans le déni, active, passive, soudée, qui s’investit ou pas, celle qui veut assurer tout toute seule,…) et c’est avec chacune de ces familles qu’il faudra travailler.

 

Chaque famille sera unique dans son vécu.

 

Quelles conséquences pour les proches ?

 

Le fonctionnement familial est perturbé : stress – anxiété – culpabilité – dépression – fatigue.  Des changements relationnels interviendront également.

 

Risques pour les proches de la personne aphasique  :

           Malentendus et croyances

           Mauvaise compréhension des troubles

           Une altération des relations conjugales/familiales.

 

Les proches tentent alors d’assurer le rôle d’aidants naturels, de s’adapter à tous les niveaux, tout en sachant qu’il existe un réel risque de surcharge.

 

Le fardeau se concrétise par un stress chronique et l’aidant risque de perdre une partie de son identité personnelle.

 

Un sentiment d’isolement social peut aussi être ressenti, de même qu’un malaise face à certaines manifestations langagières de la personne aphasique et une difficulté à vivre la perte du contrôle des émotions de la part de la personne aphasique.

 

Comment s’adapter ?

 Il existe 6 stratégies d’adaptation :

          L’action ;

          Le contrôle ;

          La fuite ;

          Le fatalisme ;

          L’optimisme ;

          Les relations interpersonnelles.

 

Ces stratégies donnent lieu à des ajustements, des adaptations qui s’élaborent à partir des ressources psychologiques et sociales.

Ce ne sont pas les événements qui agissent sur le système familial mais plutôt la perception qu’on en a.

 

Comment cultiver ses ressources ?

           Prendre soin de soi  et de ses besoins ;

           Se connaitre,

afin de maintenir une solidité intérieure.

 

Mais quels sont ces besoins ?

           Besoins physiques ;

           Besoins intellectuels ;

           Besoins d’expression de soi ;

           Besoins d’intégrité ;

           Besoins d’être en lien/ nourriture affective ;

           Besoins de célébrer la vie ;

           Besoin de ressourcement et de paix

 

Pourquoi moi ? pourquoi nous ?

L’interrogation est toujours présente et suscite toujours la question des causes et du sens.

 

Conclusion :

Accepter la souffrance, c’est ne la souhaiter ni pour soi ni pour les autres ; c’est ne rien en attendre ; c’est la combattre.  Battez-vous !